Pablo Rodríguez est le candidat libéral dans la circonscription d'Honoré-Mercier au Québec. Située dans l’est de l’île de Montréal, cette circonscription compte environ 106 000 électeurs, dont environ la moitié sont de langue maternelle autre que le français. M. Rodríguez a été réélu député pour une troisième fois en 2008, avec 44% du vote, loin devant le bloquiste Gérard Labelle (28%) et le conservateur Rodrigo Alfaro (16%). Il a accepté de nous accorder une entrevue jeudi dernier.
Lorsqu'on demande à M. Rodríguez les motifs qui l'ont mené en politique fédérale, il répond spontanément: « Depuis que je suis né...j'ai la politique dans le sang ». En effet, M. Rodríguez vient d'une famille très politisée. Son père, avocat impliqué en politique municipale, était un ferme opposant des régimes dictatoriaux qui se succédaient en Argentine au début des années 70. L'instabilité politique et la répression militaire ne tardèrent pas à mettre fin à la vie paisible que la famille Rodríguez menait à Tucumán, une petite province au nord-ouest de l'Argentine.
Vers le milieu des années 70, M. Rodríguez et sa famille quittèrent définitivement leur pays pour venir s'installer au Canada, et contrairement à la plupart des nouveaux arrivants, la famille Rodríguez décida de s'enraciner dans la ville de Sherbrooke. C'est là que M. Rodríguez a obtenu son baccalauréat en administration des affaires. Avant de se présenter comme candidat sous la bannière libérale, M. Rodríguez a travaillé pendant 12 ans dans les domaines des relations publiques et de la gestion de projets d'aide internationale.
La vie d'un député au Parlement canadien
M. Rodríguez a été élu député fédéral pour la première fois en juin 2004. Membre de la députation libérale sous le gouvernement minoritaire de Paul Martin, M. Rodríguez est devenu Président du Comité permanent des langues officielles quelques mois seulement après son arrivée à Ottawa. Depuis, il s'est démarqué par son travail au sein de plusieurs comités à la Chambre des communes, dont le Comité du Patrimoine Canadien, celui des Langues Officielles et le Comité des Comptes Publics. Lors de la dissolution du Parlement à la fin du mois de mars 2011, il était le porte-parole de l’opposition officielle chargé du Patrimoine Canadien. Il est aussi le Président du Caucus libéral pour le Québec.
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Le député Pablo Rodríguez à la Chambre des communes |
M. Rodríguez décrit le travail de député comme « exigeant mais très satisfaisant ». Ses semaines de travail durent généralement de 5 à 7 jours, et son horaire est partagé entre les activités parlementaires à Ottawa et les responsabilités propres à sa circonscription. En tant que parlementaire, il participe aux débats à la Chambre de communes, mais il passe aussi beaucoup de temps à étudier et critiquer les législations proposées par le gouvernement conservateur, particulièrement dans ses domaines d'expertise tels que les langues officielles et la culture. Lorsqu'il se trouve dans son bureau de comté, il répond aux demandes citoyennes, assiste à des événements locaux et transmet les préoccupations de ses électeurs au Parlement à Ottawa.
L'agenda libéral pour l'élection 2011: L'égalité des chances
D'entrée de jeu, M. Rodríguez nous explique que la marque libérale est celle de la modération, c'est-à-dire « une approche qui met l'accent sur une bonne gestion de l'économie tout en reconnaissant l'importance des acquis sociaux et des valeurs de justice sociale et de solidarité ». Lorsque questionné sur les tendances centralisatrices du Parti libéral, il rétorque que les politiques proposées par son parti se veulent surtout « structurantes » et il insiste sur le fait que son parti est prêt à collaborer avec les provinces pour la mise en place de politiques qui bénéficieront directement la population.
M. Rodríguez est particulièrement fier de la plateforme libérale qui s'articule, cette fois-ci, autour du concept de l'égalité des chances. Par exemple, les libéraux proposent un soutien direct aux Canadiens qui prennent soin d'un membre de leur famille à domicile. Ils proposent aussi un passeport d'apprentissage pour les jeunes qui s'apprêtent à fréquenter une institution post-secondaire. Si le Parti libéral forme le prochain gouvernement, explique M. Rodríguez, il fournira 1000$ annuellement pendant quatre ans à tous les étudiants qui fréquentent une institution collégiale ou universitaire afin les aider à s’acquitter de leurs frais scolaires. Pour les étudiants provenant de familles à revenu modeste, ce montant pourrait aller jusqu’ à 1 500$.
Lorsqu'on mentionne à M. Rodríguez les sondages qui mettent le NPD sur le même pied d'égalité que les libéraux au niveau national, ce dernier soutient que « l'équipe libérale est beaucoup plus expérimentée et par ce fait jouit d'une crédibilité qui dépasse largement l'équipe de M. Layton ». Convaincu que les Canadiens et les Québécois ne veulent pas d'un gouvernement majoritaire conservateur, M. Rodriguez espère que les Canadiens voteront stratégiquement pour barrer la route aux conservateurs. Il faudra néanmoins attendre au 2 mai prochain pour savoir si le vote stratégique aura effectivement bénéficié les libéraux...ou les néo-démocrates.
Pour ce qui est de la circonscription de M. Rodríguez, il jouit, certes, de la sympathie de ses électeurs qui l'ont déjà élu à trois reprises. Reste à voir s'il va survivre à la vague orange du NPD de Jack Layton.
L'implication des nouveaux-canadiens en politique fédérale
M. Rodríguez invite tous les citoyens d'origine latino-américaine à occuper davantage l'espace public. Il est conscient que les priorités des nouveaux arrivants (stabilité, bien-être économique) ne pointent pas toujours vers l'implication politique, mais, dit-il, « c'est important de garder en tête que la montée de jeunes éduqués dans les institutions scolaires canadiennes pourrait changer la situation dans un avenir rapproché ».
Il invite tous ceux qui appuient les valeurs du Parti libéral du Canada à s'impliquer au sein des associations de comté, et au niveau national, à la Commission politique. Il se dit prêt à aider les néophytes à trouver leur place au sein de ce parti traditionnellement très ouvert aux nouveaux canadiens. Après tout, c’est le parti qui a établi le multiculturalisme comme politique officielle d’intégration en matière d'immigration. Vous pouvez le contacter directement à son bureau de comté.